Vers 2200 avant notre ère, un grand tournant a marqué la civilisation des 7 rivières. Le soma, cette plante sacrée utilisée lors des rites spirituels pour éveiller la conscience, a commencé à disparaître pendant la grande sécheresse. La rivière Sarasvatî, axe central de cette civilisation, s’asséchait peu à peu. Ce changement climatique a rendu le soma de plus en plus rare, jusqu’à provoquer une véritable pénurie.
Face à cette situation, deux chemins ont émergé chez les habitants de cette civilisation. Deux façons différentes de continuer à chercher le lien avec le divin.
Le courant ritualiste : garder la forme du rite
Le premier courant a choisi de rester fidèle aux anciens rituels. Puisqu’on ne trouvait plus la vraie plante de soma, les prêtres ont décidé que le plus important n’était plus la plante elle-même, mais le bon déroulement du sacrifice.
Tout devait être parfaitement organisé : chaque geste, chaque mot du chant, chaque offrande. Un prêtre spécialisé, appelé le Brahman, ne participait pas au sacrifice directement. Il restait en retrait pour observer, écouter, et corriger la moindre erreur. Ce rôle montre à quel point la précision était devenue plus importante que l’expérience intérieure elle-même.
Ce courant a mis l’accent sur la forme extérieure du rite, en gardant vivante une tradition millénaire, même sans la plante sacrée.
Le courant intérieur : retrouver l’effet du soma par d’autres voies
Mais un autre courant a pris une direction très différente. Pour ceux-là, la disparition du soma n’était pas une fin. C’était un appel à chercher, à l’intérieur de soi, ce que le soma permettait autrefois de ressentir.
Ils se sont demandés : comment retrouver l’extase, la clarté, la paix que le soma procurait ? Leur réponse : par la méditation, la respiration, le silence, et la connaissance de soi.
Ce courant a donné naissance aux Upanishads, des textes très profonds, nés de la recherche intérieure. Dans ces écrits, on découvre que le vrai soma n’est pas une plante. C’est une expérience qui peut naître en chacun, à travers l’écoute, la présence, le souffle, et la conscience. Le but n’était plus de bien faire le sacrifice extérieur, mais de découvrir le feu intérieur, ce lien vivant entre l’être humain et l’univers.
Naissance de l’hindouisme intérieur
Ces deux courants ont influencé toute l’histoire spirituelle de l’Inde. Le premier a donné les bases des rituels védiques. Le second a ouvert la voie à ce qu’on appelle aujourd’hui l’hindouisme intérieur, centré sur l’expérience directe, la méditation, et la recherche de l’unité avec le Tout.
Ainsi, la pénurie de soma a provoqué un mouvement de retour vers l’essentiel. La disparition d’une plante a poussé certains à chercher une autre manière de s’éveiller. Cette quête intérieure est encore aujourd’hui au cœur de nombreuses pratiques spirituelles en Inde et ailleurs.

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