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L’Hymne aux Rivières (Nadi Shukta) dans le Rig Veda : un indice important pour dater la fin du Rig Veda et de la civilisation des 7 Rivières.

L’hymne 10.75 du Rig Veda, appelé Nadi Shukta, est un hymne adressé aux rivières. Il mentionne plusieurs cours d’eau importants de la région, dont l’Indus et la Sarasvatî. Toutefois, un détail essentiel ressort de cet hymne : il s’adresse principalement à la rivière Sindhu.

Sindhu : L’Indus ou une rivière spécifique ?

Le terme Sindhu en sanskrit peut signifier à la fois « rivière » au singulier et désigner spécifiquement l’Indus. Si l’hymne avait été adressé aux rivières en général, il aurait utilisé le terme Sindhavaḥ, qui est le pluriel. Or, ce n’est pas le cas. Cela signifie que le texte védique se focalise soit sur l’Indus, soit sur une rivière unique.

Une hiérarchie des rivières au moment de la composition

Dans l’hymne, presque tous les versets s’adressent directement à l’Indus. Pourtant, la Sarasvatî est mentionnée sans qualificatif particulier, alors qu’elle est la seule rivière à être aussi une déesse dans le Rig Veda (notamment dans l’hymne 6.61). Cela indique qu’au moment de la composition de cet hymne, l’Indus surpassait la Sarasvatî en puissance.

L’absence de la Drishadvatî : une indication géologique

Un autre point crucial est l’absence de la Drishadvatî, un affluent majeur de la Sarasvatî qui recevait les eaux de la Yamunâ. Si elle n’est pas mentionnée, c’est probablement parce qu’elle était déjà asséchée, conséquence du détournement de la Yamunâ vers l’est à la suite d’un séisme. Cette hypothèse est largement confirmée par les chercheurs et a été synthétisée par Michel Danino dans son ouvrage On the Trail of the Lost River.

Une Sarasvatî affaiblie, mais encore présente

L’hymne laisse entendre que la Sarasvatî coule encore à cette époque, mais avec un débit réduit. Cela signifie qu’elle reçoit encore l’eau de la Shutudrî (aujourd’hui la Sutlej), un autre affluent majeur. Mais plus tard, cette rivière sera elle aussi détournée vers l’Indus. Ce détournement à la suite d’un séisme, lui aussi, entraînera l’assèchement total de la Sarasvatî.

La fin de la civilisation des 7 rivières

La disparition de la Sarasvatî vers 1900 avant notre ère marque la fin de la civilisation des 7 rivières. Les habitants de cette région vivaient principalement sur ses rives, profitant d’une terre fertile et d’un accès abondant à l’eau. Son assèchement forcera une migration massive vers d’autres régions, notamment vers l’Indus et ensuite le Gange.

Conclusion

L’hymne 10.75 du Rig Veda est un document clé pour comprendre l’évolution des rivières dans la civilisation des 7 Rivières. Il confirme que l’Indus était devenu la rivière dominante, tandis que la Sarasvatî, autrefois puissante, était déjà en déclin. L’absence de la Drishadvatî qui s’explique par un changement géologique majeur, marque le début de la fin pour la civilisation des 7 rivières.

En combinant les textes védiques et les recherches archéologiques, on peut ainsi reconstituer une histoire fascinante de ces grands fleuves et de l’impact qu’ils ont eu sur l’une des civilisations les plus anciennes du monde.