Dans la civilisation des 7 rivières, aussi appelée Sapta Sindhu, les étoiles n’étaient pas de simples points lumineux dans le ciel. Elles étaient des guides, des êtres vivants, parfois même des dieux. Le Rig Veda, le plus ancien texte de cette civilisation, parle souvent du ciel nocturne, des constellations, des vents célestes et des lumières invisibles. Chaque étoile, chaque mouvement céleste avait une force, une histoire, une énergie.
Les Ashvins : étoiles jumelles du matin et du soir
Les Ashvins sont deux frères divins, toujours ensemble, liés à la lumière. Ce sont les premières étoiles qui apparaissent juste avant l’aube. Ils annoncent la venue de l’aurore (Ushas). Les hymnes disent qu’ils voyagent sur un char rapide, brillant comme l’éclair. Ils sont souvent appelés pour sauver, guérir, ou guider. Les Ashvins sont les étoiles qui nous réveillent à la lumière. Les astronomes modernes les appellent Castor et Pollux.
Les Maruts : les jeunes vents et les astres en mouvement
Les Maruts sont décrits comme des jeunes dieux fougueux, fils de Rudra. Ils sont associés aux tempêtes, aux éclairs, au tonnerre, mais aussi aux constellations mouvantes. Ils traversent le ciel comme une troupe de guerriers joyeux et brillants. On peut les voir comme les étoiles qui bougent, qui dansent, qui annoncent la mousson. Leur lien avec Indra, dieu de la force, les associe aux batailles célestes, aux orages et aux changements de saison.
Les Panis et le mythe des vaches volées : une éclipse décrite dans les hymnes
Un mythe védique raconte que les Panis – des êtres avares, radins, attachés à l’obscurité – ont volé les vaches du ciel. Ces vaches représentent la lumière, la connaissance, la vérité. Le dieu Indra, avec l’aide du sage Angiras et de son chien Sarama, retrouve leur trace et ramène la lumière.
Ce récit n’est pas qu’un conte symbolique. Des astronomes ont montré qu’il pourrait faire référence à une éclipse solaire. Grâce à des calculs précis, on sait qu’une éclipse totale a eu lieu le 19 février 3929 avant notre ère, longeant l’Indus et visible dans toute la région de Sapta Sindhu. Pendant cette éclipse, les vaches (la lumière) disparaissent, cachées par les Panis (l’ombre). Puis, elles reviennent quand l’éclipse prend fin, comme dans le mythe.
Source pour vérifier l’éclipse : Éclipses du passé – IMCCE
Le ciel, un livre ouvert pour la conscience
Pour les peuples de la civilisation des 7 rivières, le ciel n’était jamais vide. Il était rempli de signes, de forces et de présences. Les étoiles n’étaient pas séparées du monde humain. Elles formaient un grand réseau d’énergies et de relations. L’observation du ciel permettait de comprendre les rythmes de la vie, du souffle, de la pensée. La cosmologie védique est donc une cosmologie vivante, vécue.
Les rituels, les chants, les offrandes n’étaient pas faits au hasard. Ils répondaient aux mouvements des astres. L’homme cherchait l’harmonie avec l’univers, et le ciel étoilé devenait une carte de la conscience.
Une mémoire dans les étoiles
Ce qui est remarquable, c’est que ces connaissances ont traversé les millénaires. Elles ont été conservées dans les hymnes, sous forme de chants. C’est grâce à cette tradition orale que nous savons aujourd’hui ce que pensaient ces anciens peuples. Les étoiles, pour eux, n’étaient pas loin. Elles vivaient avec eux, dans les chants, dans les prières, dans le souffle du vent nocturne.

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