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La purification spirituelle par le Soma : destruction de l’ego dans le Rig Veda

Dans la civilisation des 7 rivières, bien avant les grandes religions organisées, les anciens avaient une relation directe avec les forces de la nature et avec la conscience. Le Rig Veda, le plus ancien texte sacré connu, évoque une plante mystérieuse et sacrée : le Soma. Cette plante, qui ne possède ni feuille, ni fleur, ni fruit, était broyée, pressée, filtrée, puis ingérée lors de rituels précis. Son effet n’était pas simplement physique : il ouvrait les portes de l’esprit et permettait à ceux qui le consommaient de dépasser leur ego.

Le Soma : une plante pour voir au-delà

Dans de nombreux hymnes du Rig Veda, le Soma est présenté comme un être vivant, lumineux, divin. Il est « l’œil des dieux », « le fils de la vérité », « la lumière intérieure ». Le Soma est décrit comme donnant la force, la connaissance et une clarté profonde. Il permet à celui qui le prend de voir l’invisible, d’entendre l’inaudible, de comprendre ce qui dépasse le mental ordinaire. C’est une forme de purification, une sorte de mort symbolique du moi limité, pour atteindre un état de conscience élargie.

Voici un extrait du Rig Veda (8.48.3) :

« Nous avons bu le Soma, nous sommes devenus immortels ; nous sommes entré dans la lumière, nous avons trouvé les dieux. »

Ce vers célèbre résume bien l’effet recherché : traverser les limites du corps et de l’esprit pour atteindre une connaissance pure.

Le Soma et la dissolution de l’ego

Dans les traditions spirituelles indiennes, le principal obstacle à l’éveil est l’ego : ce sentiment de séparation entre soi et le monde. Le Soma permettait de dissoudre cet ego, non pas par la réflexion ou les mots, mais par l’expérience directe. Cette disparition de l’identité personnelle, temporaire mais puissante, donnait accès à une paix profonde, à un sentiment d’unité avec tout ce qui existe.

Le psychiatre Stanislav Grof, l’un des pionniers de la recherche sur les états modifiés de conscience, explique dans ses travaux sur les psychédéliques :

« Le LSD et d’autres substances peuvent provoquer une expérience de mort et de renaissance de l’ego. Cette expérience a un pouvoir de guérison immense, elle peut transformer en profondeur la manière dont une personne voit la vie. »
(Stanislas Grof, The Adventure of Self-Discovery, 1988)

Même s’il ne parle pas directement du Soma, l’effet est très similaire à ce que décrit le Rig Veda : une descente en soi-même, suivie d’un éveil.

Le Soma, ancêtre des psychédéliques modernes ?

Aujourd’hui, de nombreux chercheurs s’intéressent à nouveau aux substances naturelles utilisées depuis des milliers d’années pour soigner et élargir la conscience. Le docteur Rick Strassman, célèbre pour ses recherches sur la DMT (diméthyltryptamine), a montré que cette molécule est naturellement présente dans le cerveau humain, et que son effet est comparable aux récits d’illumination spirituelle :

« La DMT peut nous donner un accès direct à des mondes intérieurs incroyablement riches et organisés, parfois habités par des entités conscientes. Ces expériences ont un impact durable sur le sens de la vie, la mort et notre place dans l’univers. »
(Rick Strassman, DMT: The Spirit Molecule, 2001)

La description du Soma dans le Rig Veda correspond à une plante enthéogène, peut-être un champignon contenant de la psilocybine, comme le Psilocybe cubensis. Le mot sanskrit amshu, souvent utilisé pour le Soma, signifie « filament » ou « fibre », ce qui rappelle la forme du mycélium. Le Soma est également décrit comme sans graine, ni fleur, ni fruit, ce qui renforce cette hypothèse.

Une médecine pour l’âme

Au-delà des débats sur l’identification du Soma, ce qui compte, c’est son effet. Il s’agissait d’un outil pour purifier l’esprit, soigner la tristesse, calmer le mental, libérer la conscience. Ce que la science moderne redécouvre aujourd’hui, les anciens l’avaient déjà compris il y a plus de 4000 ans : certaines plantes peuvent nous aider à retrouver notre vraie nature, au-delà du mental, au-delà des souffrances, au-delà des conditionnements.

La dépression, le stress, la perte de sens, le manque de confiance : toutes ces souffrances modernes trouvent une résonance dans les paroles du Rig Veda. Le Soma offrait une voie de sortie, une renaissance intérieure. Ce n’était pas une fuite, mais un retour à l’essentiel.

Conclusion

Le Soma, dans la civilisation des 7 rivières, n’était pas une drogue au sens moderne (aune addiction n’est possible). C’était un outil sacré, une clé pour ouvrir les portes de la conscience. Sa consommation était entourée de rituels, de chants, de prières. Il ne s’agissait pas d’un plaisir personnel, mais d’une quête de vérité.

À une époque où la science redécouvre le pouvoir des plantes sacrées, le Rig Veda nous rappelle que la vraie guérison commence par la destruction de l’ego. Le Soma n’était pas là pour fuir le monde, mais pour mieux le comprendre.


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