Après la pénurie de soma : les autres techniques de destruction de l’ego dans la civilisation des 7 rivières (Sapta Sindhu)

Dans la civilisation des 7 rivières (Sapta Sindhu), le soma jouait un rôle central. Ce breuvage sacré, issu d’une plante enthéogène, permettait d’atteindre un état d’unité profonde, au-delà du mental et de l’ego. Mais avec la sécheresse de 2200 BCE, cette plante est devenue rare, voire introuvable. Face à cette pénurie, les sages ont dû chercher d’autres chemins pour atteindre cet état de conscience élargie.

La respiration consciente (prāṇa)

L’une des premières méthodes mises en place fut le travail sur le souffle. Dans le Rig Veda, le souffle (prāṇa) est vu comme un lien entre le corps, l’esprit et l’univers. En contrôlant la respiration, on calme le mental, on ralentit les pensées, et on ouvre une porte vers l’intérieur. Cette pratique, simple en apparence, permet de dissoudre l’ego petit à petit, sans avoir besoin de substance extérieure.

Le chant des mantras

Les hymnes du Rig Veda sont plus que de simples prières. Ce sont des sons puissants, transmis oralement, qui ont une vibration précise. En les récitant de façon répétée, le mental se vide. L’individu cesse de se prendre pour une personne séparée et se sent porté par quelque chose de plus grand. Le chant du mantra agit comme un nettoyage intérieur. Il n’y a rien à comprendre, juste à répéter, avec foi et régularité.

Le feu intérieur (Agni)

Le feu (Agni) était au centre des rituels védiques. Mais ce feu n’était pas seulement une flamme extérieure. Il représentait aussi le feu intérieur, celui qui brûle les illusions, les attachements, et l’orgueil. Les rituels autour d’Agni étaient conçus pour amener une transformation intérieure. Le feu consume tout ce qui est inutile. Le but était de ne plus rien vouloir pour soi. De ne plus rien posséder. Juste être.

Le silence et la solitude

Les sages de la Sapta Sindhu savaient que le silence est plus puissant que bien des discours. Beaucoup d’entre eux partaient seuls, dans la forêt ou les montagnes, pour méditer loin du monde. Sans distraction, sans bruit, l’ego finit par s’effacer. Dans ces moments de solitude, ils cherchaient à écouter l’essentiel. Ce qui reste quand on ne pense plus à soi.

Le don de soi (yajña)

Le yajña, souvent traduit par « sacrifice », ne voulait pas dire tuer un animal ou brûler quelque chose. C’était un acte de don total. Offrir ses pensées, ses actes, ses désirs. Tout donner, sans rien attendre. Dans cette offrande, l’ego se dissout. Il n’y a plus de séparation entre celui qui donne et ce qui est donné. Le yajña était un chemin direct vers l’effacement du moi.

L’union avec la nature

Dans cette civilisation, l’homme ne se croyait pas supérieur à la nature. Il vivait en lien avec les rivières, les arbres, les étoiles. Il observait les saisons, les pluies, les vents. En se sentant partie intégrante de ce grand tout, il n’avait plus besoin de s’affirmer. L’ego perdait sa place. Le lien avec la nature aidait à retrouver une forme d’humilité et d’unité.


Conclusion

Quand le soma a disparu, les habitants de la civilisation des 7 rivières n’ont pas abandonné leur quête intérieure. Ils ont trouvé d’autres chemins. Par le souffle, le chant, le feu, le silence, le don, et le lien avec la nature, ils ont continué à chercher l’essentiel : se libérer de l’ego pour retrouver l’unité avec le tout.

Ces techniques anciennes sont encore valables aujourd’hui. Elles nous rappellent qu’il est possible de vivre autrement, en paix, sans courir après ce qui brille. Juste être.