La déesse Sarasvatî occupe une place centrale dans les anciens hymnes du Rig Veda. Elle n’est pas seulement une divinité de la connaissance, de la parole et de la sagesse : elle est aussi une rivière réelle, bien présente dans la vie des peuples de la civilisation des 7 rivières. C’est la seule rivière à être aussi une déesse. Elle relie directement le monde naturel à l’univers spirituel.
Sarasvatî, déesse et rivière à la fois
Parmi toutes les rivières mentionnées dans le Rig Veda, Sarasvatî est la seule à être honorée comme une déesse à part entière. Elle est décrite comme puissante, rapide, nourricière, mais aussi inspirante, clairvoyante, et protectrice des chants sacrés. On lui adresse des hymnes pour demander l’inspiration, la clarté de l’esprit, et la force de la parole.
Dans le Rig Veda 6.61, elle est qualifiée de « la grande parmi les grandes », et dans le célèbre hymne 2.41.16, elle est celle « Meilleure des mères, meilleure des Rivières, meilleure des déesses ». Elle est louée pour sa pureté, pour sa puissance spirituelle, mais aussi pour sa présence physique indispensable à la vie des habitants.
Les Purus et les Bharatas sur ses deux rives
Le Rig Veda mentionne dans l’hymne 7.96.2 que les Purus, dont sont issus les Bharatas, habitaient sur les deux rives de la Sarasvatî. Ces peuples formaient le cœur de la civilisation des 7 rivières, une culture ancienne, pacifique, avancée sur le plan de l’urbanisme et de l’organisation sociale.
Le fait que la Sarasvatî soit à la fois une rivière physique et une divinité montre à quel point elle était au centre de leur vie, autant matérielle que spirituelle. Elle représentait à la fois la fertilité, la sagesse et la parole juste.
La plus importante rivière de la civilisation des 7 rivières
Pendant des siècles, la Sarasvatî a été la rivière principale de toute cette civilisation. Elle traversait une vaste région qui regroupait des centaines de villages et de villes très bien organisées, comme Rakhigarhi, Kalibangan ou Bhirrana. Elle permettait l’agriculture, les échanges, mais aussi les rituels védiques.
Cette importance a été peu à peu oubliée dans les siècles suivants, car la Sarasvatî s’est asséchée vers 1900 avant notre ère. Deux tremblements de terre ont modifié le cours de ses principaux affluents : la Yamuna, qui se jetait dans la Drishadvatî, et la Sutlej. Cette dernière s’est jetée dans l’Indus et la Drishadvatî s’est asséchée. Petit à petit, la rivière a disparu dans le désert. Cela a entraîné la migration des populations vers l’ouest, vers le bassin de l’Indus, qui est devenu la rivière principale à cette époque. Cela est mentionné dans l’hymne 10.75.
Sarasvatî et la connaissance
Dans les hymnes, Sarasvatî est aussi celle qui « brille dans l’esprit », qui « donne la lumière de la pensée ». Elle est priée pour libérer la parole, inspirer les poètes et les sages, et purifier le mental. On l’invoque avant de réciter les textes sacrés, car elle représente la vérité et la clarté.
Elle est liée directement au discernement, à la parole juste et au savoir qui élève l’esprit. Elle guide ceux qui cherchent à comprendre le monde au-delà des apparences.
Conclusion
Les hymnes védiques montrent à quel point Sarasvatî était centrale dans la vie des peuples de la civilisation des 7 rivières. À la fois rivière bien réelle et déesse de la connaissance, elle a nourri les corps et les esprits. Elle symbolise une époque où la nature, la parole, et la spiritualité formaient un tout.
Même si la rivière a disparu physiquement, son esprit reste vivant dans les textes, dans la mémoire et dans les traditions qui continuent encore aujourd’hui à l’honorer comme la source de la sagesse.

Laisser un commentaire