Le Rig Veda, le plus ancien texte sacré de l’Inde, contient plusieurs hymnes qui explorent la création du monde et des premiers êtres vivants. Ces récits, souvent symboliques et poétiques, ne présentent pas une unique cosmogonie mais plusieurs visions complémentaires de l’émergence de la vie et de l’univers.
1. L’Hymne de la Création (Nasadiya Sukta)
L’un des hymnes les plus célèbres sur la création est le Nasadiya Sukta (Rig Veda 10.129). Ce texte évoque une période antérieure à l’existence du monde, où ni l’être ni le non-être n’existaient, et où régnaient l’obscurité et l’indifférenciation. Il suggère que la création a débuté avec un souffle primordial (prāna) et une force cosmique qui a impulsé l’existence.
Le texte est remarquable par sa conclusion sceptique : « 7 – Comment a existé cette création ? A-t-elle été réalisée ou ne l’a-t-elle pas été ? Celui qui, dans le Ciel le plus loin, observe ce monde le sait sûrement. Et, s’il ne le savait pas ?« Cela montre une ouverture philosophique sur la nature du commencement de l’univers et de la vie.
2. Purusha, l’Être Cosmique
Un autre récit fondamental est celui du Purusha Sukta (Rig Veda 10.90). Il décrit la création à partir du Purusha, un être cosmique primordial qui fut sacrifié par les dieux pour donner naissance à l’univers. De son corps sont nés :
- Le Brahman (l’universel)
- Les castes humaines : le visage devint les prêtres (Brahmanes), les bras les guerriers (Kshatriyas), les cuisses les marchands (Vaishyas), et les pieds les serviteurs (Shudras).
- Le monde physique, incluant la terre, le ciel et les étoiles.
Ce récit met en avant l’idée que l’univers et la vie sont le produit d’un sacrifice primordial, un concept fondamental du védisme.
3. Hiranyagarbha, le Germe d’Or
Le Hiranyagarbha Sukta (Rig Veda 10.121) introduit une autre image de la création : celle du Germed’Or (Hiranyagarbha). Il s’agit d’un germe cosmique flottant sur les eaux primordiales, d’où est né Prajapati, le Seigneur de la création. Ce mythe est comparable à d’autres récits cosmogoniques mondiaux, comme l’Œuf primordial en Égypte et en Grèce.
Prajapati est considéré comme le procréateur des premiers êtres vivants, organisant le chaos pour former le cosmos et insuffler la vie.
4. L’émergence des premiers êtres vivants
Les hymnes védiques évoquent plusieurs entités qui marquent l’apparition de la vie :
- Agni (le feu) : Émanation divine primordiale, il symbolise l’énergie vitale et la transformation.
- Soma (le breuvage sacré) : Associé à l’illumination, il est vu comme une force permettant la connexion entre le monde divin et les humains.
- Varuna et Mitra : Gardiens du cosmos, ils veillent à l’ordre universel et au cycle de la vie.
- Les Maruts : Des êtres célestes liés aux orages et aux vents, exprimant l’agitation des forces élémentaires.
Ces éléments montrent que dans le Rig Veda, la vie ne naît pas d’un acte unique, mais d’un processus cosmique structuré, où les forces naturelles et divines participent à la mise en place de l’univers.
Conclusion
Le Rig Veda ne propose pas une seule explication de la création des premiers êtres vivants, mais une vision plurielle et symbolique de l’origine de la vie. Que ce soit à travers le souffle primordial, le sacrifice du Purusha, l’éclosion du Germe d’Or ou l’action des dieux, ces récits montrent une profonde réflexion sur la relation entre l’univers, les éléments et la vie.
Ces mythes continuent d’influencer la pensée indienne et spirituelle, illustrant une cosmogonie où la création est à la fois un mystère, un acte divin, et un processus naturel ordonné.

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