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Le Rig Veda et les origines des premières cités de la vallée de l’Indus-Sarasvatî.

À l’intersection de la légende, de la mythologie et de l’archéologie se trouve un texte ancien : le Rig Veda, l’un des plus vieux textes sacrés de l’humanité. Mais que nous raconte-t-il réellement des origines des premières cités de la vallée de l’Indus et de la Sarasvatî, cette mystérieuse civilisation des 7 rivières, dont les premières villes ont émergé autour de 3500 BCE ?

La version « officielle » – ou du moins, celle qui reste largement relayée dans les cercles académiques – est bien connue. Selon cette théorie, le Rig Veda aurait été composé par des guerriers « aryens », venus d’Europe de l’Est ou des plaines d’Asie centrale aux alentours de 1500 BCE. Ces peuples auraient migré (ou envahi, selon certaines versions) vers le sous-continent indien, apportant avec eux leur langue indo-européenne, leurs dieux et leur culture.

Mais est-ce vraiment la vérité ?

Regardons cela de plus près.

Le Rig Veda : une fenêtre sur le passé Le Rig Veda, composé entre 4000 BCE et 1900 BCE selon les estimations, est bien plus qu’un simple recueil de mythes. Il regorge de métaphores, d’allégories et de descriptions poétiques qui, lorsqu’on les décortique, semblent évoquer des événements et des réalités bien terrestres. On y trouve des récits de guerres, de migrations, de batailles pour l’eau et les ressources, et même des descriptions de paysages qui ressemblent étrangement à ceux de la vallée de l’Indus et de la Sarasvatî. Mais attention : le Rig Veda n’est pas un manuel d’histoire. C’est un texte sacré, un hymne à l’univers, aux dieux, et à la vie elle-même. Interpréter ses passages relève d’un travail d’enquête, presque d’archéologie intellectuelle. Et comme toute enquête, il nous faut des indices solides pour avancer. –

La civilisation des sept rivières : un miracle hydrique Les premières cités de la civilisation de l’Indus-Sarasvatî, que l’on appelle également la civilisation des sept rivières, ont émergé bien avant la période généralement attribuée aux « Aryens ». Ces cités, comme Rakhigarhi et Harappa, sont apparues vers 3500 BCE et nous montrent une société organisé, urbanisée, et fascinée par l’eau. Ces villes étaient bâties autour de rivières aujourd’hui asséchées, comme le mythique Sarasvatî, mentionnée à plusieurs reprises dans le Rig Veda. Cette rivière, qui aurait disparu avant la fin de la civilisation de l’Indus, est décrite dans le texte comme une entité divine, une « mère des eaux ». Faut-il y voir une trace de la réalité géographique de l’époque ?

Ce qui est certain, c’est que le Rig Veda, bien qu’écrit en sanskrit, ne décrit pas un peuple nouvellement arrivé en Inde. Il semble plutôt être l’œuvre d’une culture profondément enracinée dans les paysages qu’elle dépeint. —

Et si on revoyait l’histoire ? Si nous prenons le Rig Veda au sérieux, nous devons peut-être remettre en question la fameuse théorie des « Aryens venus d’ailleurs ». Une autre hypothèse émerge : et si les auteurs du Rig Veda étaient déjà là, sur cette terre, témoins de l’apogée et du déclin des premières cités de la vallée de l’Indus ? De plus en plus de chercheurs suggèrent que l’idée d’une « invasion aryenne » a été construite à partir d’interprétations biaisées et de préjugés coloniaux. La présence du sanskrit, des mythes védiques et des éléments culturels indo-européens pourrait très bien être le fruit d’une évolution locale, sans intervention extérieure massive. Nous n’avons pas de « smoking gun », pas de preuve irréfutable.

Mais comme dans toute enquête, il suffit d’indices graves et concordants pour former une intime conviction. Et ces indices, le Rig Veda nous en offre une multitude : des descriptions de rivières disparues, des récits de luttes pour la survie, et une poésie qui semble chanter les derniers jours d’une civilisation fascinante.

Conclusion : Le Rig Veda, un pont vers le passé Le Rig Veda est bien plus qu’un texte sacré. C’est une fenêtre ouverte sur une époque révolue, un témoignage, certes voilé par la mythologie, mais riche en indices sur la vie et les défis des premières civilisations de l’Inde.