Pendant des siècles, les rituels de la civilisation des 7 rivières ont tourné autour d’un breuvage sacré : le Soma. Ce Soma, souvent cité dans le Rig Veda, était considéré comme une plante divine qui ouvrait les portes de l’illumination spirituelle. Il donnait de la force, de la clarté intérieure, et permettait d’entrer en contact avec les dieux.
Les descriptions du Soma dans les textes anciens parlent d’une plante sans feuille, sans fleur, sans fruit, et sans graine. On y trouve le mot amshu, qui signifie filament ou fibre. Tous ces éléments laissent penser qu’il ne s’agissait pas d’une plante classique, mais plutôt d’un champignon, probablement un psilocybe. Ce champignon contient des substances proches de celles que notre cerveau produit dans les états modifiés de conscience.
Mais autour de 2200 avant notre ère, un grand changement climatique frappe la région. Une sécheresse sévère touche la vallée de la Sarasvatî et les autres rivières de la région. Cette catastrophe provoque la disparition de nombreuses plantes, dont le Soma. Sans accès à ce breuvage sacré, les prêtres doivent changer leurs pratiques.
Peu à peu, d’autres plantes commencent à être utilisées pour remplacer le Soma. Des mélanges de lotus bleu, d’éphédra et de cannabis font leur apparition dans les cérémonies. Mais l’effet n’est pas le même, et les anciens rituels perdent leur puissance spirituelle. Cela provoque une division parmi les prêtres.
Le premier groupe, majoritaire, décide de conserver les rituels mais vide peu à peu le contenu intérieur. L’accent est mis sur la précision du geste, sur le respect des formes, sur la récitation des formules. Pour eux, faire le sacrifice correctement devient un but en soi. Le rituel reste, mais la dimension intérieure s’efface.
Le deuxième groupe prend un autre chemin. Il cherche d’autres moyens d’atteindre l’illumination, sans passer par le Soma. Ces chercheurs se tournent vers des techniques comme le contrôle du souffle (pranayama), la méditation, l’introspection. Ce courant va donner naissance aux Upanishads, textes de sagesse qui marquent une évolution profonde dans la pensée de l’Inde ancienne. De là naît peu à peu l’hindouisme.
Ainsi, la fin du Soma ne marque pas la fin de la quête spirituelle. Elle ouvre une nouvelle voie. Les rituels extérieurs laissent place à une recherche intérieure. Le silence, le souffle et la conscience deviennent les nouveaux chemins vers l’union avec le divin.
La civilisation des 7 rivières nous montre ici une grande capacité à se transformer. En perdant le Soma, elle invente d’autres formes de spiritualité, toujours tournées vers la paix intérieure et la recherche de l’unité.

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