Les textes védiques, notamment le Rig Veda, évoquent l’usage rituel d’un breuvage sacré, le Soma, largement associé à l’illumination spirituelle et à l’harmonie sociale dans la civilisation des 7 rivières, ou civilisation de l’Indus. Cette substance, très probablement à base psilocybine, était réputée pour ses effets transcendants et unificateurs, facilitant la dissolution de l’ego et favorisant une société pacifique, sans cupidité ni violence. Cependant, autour de 2200 avant notre ère, une sécheresse importante et prolongée s’installa dans la région, bouleversant profondément cette civilisation et entraînant la fin de l’abondance du Soma, car las champignons ont besoin d’humidité. Cet événement marqua le retour progressif de l’ego, de la cupidité et de la violence, transformant profondément la société en l’espace de quelques générations.
Les Bienfaits du Soma pour l’Individu et la Société
Le Soma, à base de psilocybine, apportait des avantages indéniables, tant au niveau individuel que collectif :
1. Dissolution de l’ego : La consommation du Soma facilitait la dissolution de l’ego, aidant l’individu à se détacher des désirs personnels et des ambitions égoïstes. Cela contribuait à maintenir une société sans tensions ni conflits internes, car les valeurs communautaires prenaient le pas sur les intérêts individuels.
2. Illumination spirituelle : Ce breuvage était décrit comme une porte d’accès à des états supérieurs de conscience. En libérant l’esprit des contraintes matérielles et en permettant aux individus d’atteindre un niveau d’éveil spirituel, le Soma ouvrait la voie à une sagesse collective et à une quête de sens dépassant les simples besoins matériels.
3. Harmonie sociale et pacifisme : Avec un accès généralisé au Soma, la société védique semblait profondément pacifique, sans armée ni structures de violence institutionnalisée. Les individus, sans attachement excessif aux biens matériels, contribuaient à une vie communautaire fondée sur le partage, le respect mutuel et l’absence de hiérarchies oppressives.
L’Impact de la Sécheresse de 2200 BCE
Vers 2200 avant notre ère, une sécheresse persistante frappa la vallée de l’Indus et des rivières Sarasvatî et Yamunâ, déstabilisant toute la région. Cette crise climatique eut des conséquences drastiques :
1. Épuisement des ressources naturelles : La diminution des précipitations et l’assèchement progressif des cours d’eau provoquèrent une pénurie de ressources essentielles, rendant difficile l’accès aux plantes sauvages, notamment les champignons utilisés pour la préparation du Soma.
2. Changement dans les pratiques rituelles : Privés de Soma, les rituels religieux et les pratiques spirituelles de la société védique perdirent une part de leur puissance et de leur efficacité. Cela réduisit la portée des rituels d’unification, et les pratiques centrées sur l’éveil spirituel furent progressivement remplacées par des rituels plus symboliques et moins impactants.
3. Effets à long terme : Migration et fragmentation : Bien que la sécheresse de 2200 BCE ait gravement affecté la vie de la vallée de l’Indus, les déplacements massifs de populations n’eurent lieu que trois siècles plus tard, quand la Sarasvatî s’assécha presque complètement à la suite d’un séisme. Ce séisme dévia la Yamunâ et la Sutlej, ses principaux affluents, forçant alors de nombreuses communautés à se déplacer pour survivre. Ce mouvement accéléra la fragmentation sociale, contribuant à l’apparition de nouvelles structures moins centrées sur la collectivité et davantage tournées vers la survie individuelle.
La Réapparition de l’Ego, de la Cupidité et de la Violence
En l’absence du Soma, les valeurs et l’état d’esprit qui avaient façonné cette civilisation en une société harmonieuse commencèrent à disparaître. Trois générations après la fin de l’abondance du Soma, des changements profonds s’étaient opérés dans les mentalités :
1. Retour de l’ego et des ambitions personnelles : Le manque de Soma laissa un vide spirituel qui favorisa le retour des intérêts personnels et de l’ego. Les nouvelles générations, moins exposées aux rituels d’auto-transcendance, développèrent des attitudes centrées sur l’accumulation de biens et la compétition interindividuelle.
2. Montée de la cupidité : La raréfaction des ressources naturelles, combinée à l’extinction du Soma, exacerba le besoin de sécurité matérielle et d’accumulation. Les valeurs de partage et d’égalité s’érodèrent, remplacées par des comportements plus possessifs et individualistes. L’accumulation des biens, autrefois étrangère à cette société, devint peu à peu une norme.
3.Émergence de la violence et des conflits : Avec le retour des structures de pouvoir basées sur la compétition pour les ressources, la société connut une montée des tensions et des rivalités. La violence, qui n’avait pas sa place dans cette civilisation autrefois pacifique, devint un moyen de défendre ou de conquérir des ressources limitées. Les conflits entre groupes commencèrent à se multiplier, bouleversant l’ordre social initialement pacifique.
Conclusion
La fin de l’abondance du Soma, marquée par la sécheresse de 2200 BCE, marqua un tournant décisif pour la civilisation de l’Indus. Ce breuvage sacré, au-delà de ses effets spirituels et pacifiants, incarnait un lien vital avec une conscience collective élevée, empêchant l’ego et la violence de dominer. La raréfaction de cette substance entraîna une transformation profonde des mentalités et de la société. En seulement trois générations, l’ego et la cupidité refirent surface, marquant la fin d’une ère de paix et d’harmonie pour laisser place à une société plus matérialiste et hiérarchisée. Trois siècles plus tard, l’assèchement de la Sarasvatî força un déplacement de populations qui acheva de transformer cette civilisation autrefois unie en une société morcelée et en proie aux luttes comme le décrivent la Mahâbhârata et le Râmâyana.

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