Le dixième Mandala du Rig Veda est un recueil fascinant d’hymnes, nous montrant une société complexe, en pleine évolution spirituelle et matérielle, vers 2200 avant notre ère. À cette époque, la civilisation des 7 rivières (civilisation de l’Indus) subit de nombreux changements, notamment une pénurie de soma, cette plante sacrée qui jouait un rôle central dans les rituels spirituels.
La Fin de l’Abondance du Soma
Le soma était au cœur des pratiques spirituelles et des cérémonies, réputé pour apporter des visions et une connexion divine. Cependant, vers 2200 av. J.-C., il se fait de plus en plus rare à cause de la grande sécheresse qui a frappé toute la zone intertropicale de la planète. Ce manque marque une vraie transition dans les traditions religieuses : sans le soma, la société commence à se tourner davantage vers des prières pratiques et des rituels destinés à améliorer la vie quotidienne.
Des Hymnes Concrets, Proches de la Vie
L’évolution spirituelle des anciens Indiens ne se limite plus aux invocations aux dieux et aux chants d’élévation de l’âme. De nombreux hymnes dans le dixième Mandala montrent une approche très concrète de la vie. Certains hymnes, par exemple, demandent la fertilité, adressés pour des personnes qui souhaitent concevoir un enfant. D’autres parlent des maladies et prient pour la santé, signe que la vie terrestre occupe désormais une place importante dans les préoccupations des hommes.
On trouve aussi des hymnes autour du mariage, abordant la famille et la continuité du clan, ce qui montre que la société valorisait désormais l’organisation sociale et le bien-être matériel de ses membres. Cette diversité d’hymnes illustre la transformation d’une société en quête de stabilité, à la fois sur le plan spirituel et matériel.
Les Hymnes de la Création, des Rivières et des Castes
Malgré ces hymnes pratiques, le dixième Mandala conserve aussi des textes profonds, qui révèlent des questions plus vastes sur l’existence. L’un des hymnes les plus célèbres est celui de la création du monde. Il pose des questions philosophiques fondamentales : comment l’univers est-il apparu ? Était-il créé par un dieu ? Ce texte, connu sous le nom de Nasadiya Sukta, est un hymne sur l’origine de la vie et l’essence même de l’existence, avec une grande humilité face aux mystères de la création.
L’hymne aux rivières est également central, car il donne une description de la géographie de cette civilisation. Il cite les grands cours d’eau de la région, notamment la Sarasvatî, qui occupe une place centrale dans la vie et l’imaginaire de cette civilisation. Ces rivières, nourricières et sacrées, sont vues comme des déesses apportant prospérité et fertilité aux populations. L’hymne montre aussi l’importance de la géographie pour la civilisation des 7 rivières, reliant les terres habitées et leurs activités économiques aux eaux sacrées.
Par ailleurs, certains hymnes abordent pour la première fois des idées liées aux castes, ou varnas, un concept naissant qui structure la société en différentes catégories. Ces hymnes ne présentent pas encore un système rigide, mais ils révèlent déjà une hiérarchie sociale basée sur les différentes activités et responsabilités des individus au sein de la communauté.
Un Mandala de Transformation et de Réalités Humaines
Le dixième Mandala du Rig Veda nous montre donc une société en transition, où les pratiques spirituelles et les préoccupations matérielles se mélangent. La pénurie de soma a poussé les anciens habitants de la civilisation des 7 rivières à réorienter leur foi et leurs prières vers des aspects plus pratiques de la vie. À travers ces hymnes, on observe les aspirations humaines, la santé, la prospérité, et la compréhension du monde et des castes émergentes.
Ce Mandala, dans sa diversité, est un miroir fidèle de cette époque : un monde en quête de réponses, cherchant à concilier le spirituel et le matériel, le céleste et le terrestre, en un moment clé de son histoire.

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