Introduction
Les civilisations antiques de l’Indus, de l’Oxus et du Karakoum, situées dans une région s’étendant de l’actuel Pakistan, à l’Inde du Nord-Ouest, à l’Afghanistan et au Turkménistan, ont laissé des preuves remarquables de leur maîtrise en construction et ingénierie. Bien qu’elles aient coexisté à certaines périodes, chacune avait ses spécificités, tant en termes de matériaux utilisés que de technologies employées pour répondre aux défis environnementaux.
1. Techniques de Construction dans la Civilisation de l’Indus (Civilisation des 7 Rivières)
La civilisation de l’Indus, aussi appelée civilisation harappéenne, est célèbre pour son urbanisme sophistiqué et ses prouesses en ingénierie.
a. Urbanisme et planification
– Planification en grille : Les villes de l’Indus comme Mohenjo-Daro et Harappa étaient organisées selon un plan en grille, avec des rues larges, orientées nord-sud et est-ouest.
– Quartiers séparés : Les villes étaient divisées en zones résidentielles, industrielles et administratives, souvent avec des murs d’enceinte pour les délimiter.
b. Techniques de construction
– Briques standardisées : L’une des plus grandes avancées de la civilisation de l’Indus fut l’utilisation de briques en terre cuite standardisées de dimension 1:2:3 pour la première période et 1:2:4 pour la période mature, ce qui facilitait la construction d’édifices uniformes et solides.
– Structures surélevées : Les maisons étaient construites sur des plateformes surélevées pour se protéger des inondations, un phénomène courant dans cette région due aux crues des rivières en été, pendant la mousson.
c. Systèmes hydrauliques
– Systèmes d’égouts : Les ingénieurs de l’Indus ont conçu un des premiers systèmes d’évacuation d’eaux usées, avec des canalisations souterraines couvertes.
– Puits et réservoirs : La civilisation possédait des puits publics et privés, tapissés de briques trapézoïdales, pour l’approvisionnement en eau potable, ainsi que des réservoirs pour stocker l’eau durant la saison sèche, en particulier au Gudjarat.
2. Techniques de Construction dans la Civilisation de l’Oxus (Bactriane-Margiane)
La civilisation de l’Oxus, ou complexe archéologique bactro-margien (BMAC), située dans les plaines de l’Oxus (Amou-Daria), a prospéré dans des conditions climatiques difficiles. Ils ont adapté leurs techniques de construction et d’ingénierie aux spécificités de leur environnement.
a. Fortifications et urbanisme
– Villes fortifiées : Les cités de l’Oxus étaient souvent entourées de remparts massifs pour se protéger des invasions, indiquant un besoin de sécurité accrue dans cette région instable.
– Citadelles : À l’intérieur des villes, des citadelles ou palais surélevés étaient construits, souvent sur des plateformes de terre compactée, montrant une organisation sociale hiérarchisée.
b. Matériaux de construction
– Adobe et briques de terre : Les bâtiments étaient majoritairement faits de briques de terre crue (adobe), un matériau local adapté à leur climat aride.
– Toitures en bois : Les toits plats étaient souvent soutenus par des poutres en bois, un matériau essentiel bien que rare, extrait des zones plus boisées environnantes.
c. Gestion de l’eau
– Irrigation : Dans une région semi-aride, l’irrigation était cruciale. Les habitants de l’Oxus ont mis en place des systèmes de canaux pour amener l’eau des rivières vers les zones agricoles.
– Citernes : De nombreuses citernes ont été découvertes, indiquant une ingénierie avancée pour stocker l’eau pendant les périodes sèches.
3. Techniques de Construction dans la Civilisation de Karakoum
La civilisation du Karakoum, qui a prospéré dans les vastes étendues désertiques du Turkménistan moderne, a dû relever des défis extrêmes pour bâtir des infrastructures durables.
a. Habitat désertique
– Karakoum et construction de villes-oasis : Les habitants utilisaient des techniques similaires à celles de l’Oxus, comme la construction en adobe, mais l’adaptation aux conditions désertiques exigeait une organisation particulièrement efficace des ressources.
– Architecture troglodyte : Dans certaines régions, ils creusaient des habitations souterraines pour se protéger des températures extrêmes.
b. Systèmes hydrauliques et ingénierie du désert
– Qanats : L’une des plus grandes innovations de cette région fut l’usage des qanats, des galeries souterraines pour capter les eaux souterraines. Cela permettait de fournir de l’eau aux villes et aux terres agricoles sans subir les effets de l’évaporation rapide dans le désert.
– Réservoirs souterrains : Des réservoirs souterrains ou kyariz étaient également construits pour stocker l’eau dans le désert.
Conclusion
Les civilisations de l’Indus, de l’Oxus et du Karakoum ont toutes excellé dans l’art de l’ingénierie et de la construction, s’adaptant avec ingéniosité aux contraintes environnementales de leurs régions respectives. Tandis que la civilisation de l’Indus impressionne par son urbanisme et ses systèmes hydrauliques, celle de l’Oxus se distingue par ses fortifications et sa gestion de l’eau dans un climat semi-aride, tandis que les habitants du Karakoum ont développé des techniques innovantes pour survivre dans un désert impitoyable.

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